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CHINE : La fin de la politique de l’enfant unique

Conséquence de la conscience du danger d’une augmentation exponentielle de la population, les 1ers jalons d’une campagne pour le contrôle des naissances sont posés vers 1956-57. []  En 1970, le gouvernement chinois passe à l’acte : premièrement, il contraint au mariage tardif (en imposant un âge minimum de 22 ans pour les garçons, 20 ans pour les filles), il diffuse les moyens contraceptifs, mesures suivies en 1979 de la politique de  l’enfant unique.   Dans la pratique, les couples ne pouvaient avoir qu’un seul enfant.  C’est ainsi qu’on assista à une multitude d’avortements (13 millions/an ; 55% des femmes y ont recouru), à des stérilisations par la force et à des pénalisations, des amendes, voire des emprisonnements pour les cas de récidive.  On estime qu’il y aurait 13 millions d’  »enfants noirs’’, cachés, non recensés, par peur de représailles, enfants sans identité, non scolarisés, sans couverture sociale et réduits à une existence souterraine.

Cette mesure autoritaire était d’ailleurs en adéquation avec l’idée que l’on a d’un état totalitaire, qui surveille chacun à tout moment, où les droits de l’homme sont souvent bafoués.

A partir des années 80, les mesures avaient été un peu assouplies mais dans certaines conditions seulement.  Et au 31 décembre 2015, comme nous venons de l’apprendre, le politique a mis un terme à cette loi pour fixer le nombre maximal d’enfants à deux par famille.  Qu’en pensez-vous ?  Voudriez-vous prendre quelques instants pour y réfléchir et prendre position ?

En 1979, l’objectif officiel était d’éviter la surpopulation.  Il faut savoir que la Chine est le pays le plus peuplé au monde : 580 millions d’habitants en 1953  –  830 millions en 1970 – 1 milliard en 1982 – 1,265 milliard en 2000 –   1,375 milliard en 2010, soit quasi 20 % de la population de notre planète.  La politique de planning familial instaurée permit de ralentir nettement le rythme d’accroissement même si au final, la population a quand même doublé en 50 ans, mais rien d’anormal dans ces chiffres.  Ces diverses mesures auraient évité la naissance de 400 millions de bébés sur les 3 dernières décennies et permis une amélioration de la qualité de vie.  Mais qu’en aurait-il été, où en seraient-ils sans ces ‘règles’ très strictes et radicales ? Car la fécondité chinoise était en 1963 de 7,55 enfants par femme ! En 1970,  elle était de 5,75, diminuée efficacement à 2,75 enfants par femme en 1978, diminution jugée malgré tout insuffisante pour contrer une telle explosion démographique, ceci justifiant les mesures de 1979.  Le taux est descendu aujourd’hui à 1,6 enfant par femme (moyenne mondiale de 2,5 enfants).

Le revirement majeur actuel n’est en rien une décision de bonté envers la population; l’objectif est maintenant de retrouver un accroissement équilibré à long terme de la population chinoise ; cette nouvelle politique est guidée par des enjeux économiques et sociaux :      1.  Corriger l’inquiétant déséquilibre hommes/femmes (118 hommes/100 femmes) ; ce déséquilibre vient du fait que bon nombre de couples se sont arrangés pour que leur enfant unique soit un garçon, cela ayant conduit à des avortements sélectifs, des abandons et même des infanticides.                                                                                                                                                   2.  Enrayer le vieillissement de la population qui va s’accélérer à partir de 2030. Actuellement, cet inexorable vieillissement de la population  chinoise soulève des enjeux économiques, sociaux et politiques considérables. (10 % de + de 60 ans en 2000, et prévision de 30 % en 2050 contre 17,3 % en Europe).  Le nombre de chinois en âge de travailler, quant à lui, chute.   La croissance diminue d’année en année, les revenus fiscaux se réduisent en proportion et dans les décennies à venir, le financement des retraites et le poids grandissant des dépenses de santé pèseront de plus en plus lourd sur le budget de l’État.  Le but recherché par les démographes et économistes est, par le biais d’un accroissement des naissances, de soutenir la croissance économique qui est en chute libre : 6,9 % du PIB au 3ième trimestre 2015, la plus basse depuis 2009, période où la croissance affichait une valeur record de 12,2% !

Au même titre, chez nous, nous assistons depuis 2 ans à un afflux migratoire ; ils viennent par dizaines,  centaines de milliers de Syrie, du Kosovo, d’Afghanistan, d’Irak, … et débarquent en Europe, tout cela ne réjouissant personne et créant même un climat d’hostilité marqué. Et subitement, du jour au lendemain, l’Allemagne décide d’ouvrir grand ses portes (1,3 à 1,5 million de migrants y ont trouvé une terre d’asile en 2015) ceux-ci étant par la suite autorisés à faire venir leur famille !  N’y voyons pas que de la générosité ? Ne soyons pas naïfs !  c’est aussi et surtout une opportunité, une bénédiction pour faire face à leur pénurie de main d’œuvre.  En effet, en principe, l’immigration est une source de croissance économique, une chance pour l’économie.  L’immigration signifie  plus de travailleurs, plus de production, plus de consommation.   Mais cela part de l’hypothèse que le pays d’accueil fonctionne bien, qu’il n’y a pas ou peu de chômage, ce qui est le cas en Allemagne.  Avec une population vieillissante,  l’Allemagne devra bientôt faire face à une situation difficile, avec moins de travailleurs pour financer les pensions et les dépenses médicales des retraités toujours plus nombreux. Les migrants plutôt jeunes, vont remédier, partiellement, au déclin démographique. La France, à la population plus jeune, n’est pas dans la même situation.  Pour info, l’âge moyen de la population allemande est de 46,5 ans, en Belgique 41,4 ans, en France 41,1 ans et en Chine 36,8 ans.

Voilà les faits, les enjeux.  Votre réflexion a-t-elle évolué ?

D’un point de vue éthique, quelle est la mesure la plus acceptable ?  La politique de l’enfant unique ou le retour à 2 enfants autorisés par couple ?

Et d’un point de vue biologique ?  Quelle est la mesure la plus acceptable ?  La politique de l’enfant unique ou le retour à 2 enfants par famille ?

N’étant en rien un maître de conscience, je laisse à chacun la liberté de répondre.  Vous nommant au poste de grand décideur de Chine, pour quelle solution allez-vous opter ?  Serez-vous démagogue, inflexible, ou penserez-vous au bien-être immédiat de la population, ou penserez-vous plutôt au futur de notre planète et de nos arrières-arrières …petits-enfants ?  Bonne réflexion.

Alain Lechat, le 1er janvier 2016

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