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La vie n’est pas un jeu mais…

La vie n’est pas un jeu mais elle nous propose de la vivre comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo ou, tout du moins, en y appliquant des règles analogues.

Cet homme semble jouer avec le feu depuis très longtemps. Depuis qu’il est adulte, il lui arrive régulièrement de manger des aliments légèrement avariés, du pain verdi, du fromage portant des traces de moisissure, de la charcuterie irisée ou celle qui dissout le film aluminium comme le font certaines sauces tomates, des fruits parfois très avancés, plus que blets. Enfant, il dévorait les pommes et les poires, trognon, fleur et queue y compris, des bananes presque liquides, des laitages ayant largement dépassé les dates limites inscrites, avait-il eu faim ? Non, jamais !

Tout est ratatouille s’il cuisine pour lui seul ! Le goût a peu d’importance. Les mélanges sont parfois rebutants. Un gastronome à la recherche de nouveautés ? Que nenni ! Les règles de nutrition le font sourire intérieurement voire, le fâchent. Serait-ce de la boulimie, de l’hyperphagie ? Si vous voulez, me dit-il lors de notre première rencontre mais… pour quelles raisons ? Tout le monde ne fait pas cela !

Depuis ces quelques cinq dernières années, ces comportements se sont marqués davantage. Jusque-là, la viande fraiche qui avait traîné trop longtemps dans le frigo et le poisson préemballé dont les dates de péremption étaient dépassées pouvaient présenter un danger dont il était conscient. Cela ne semble plus être le cas. Il a ainsi trouvé du saumon fumé dans son congélateur et a décidé de le manger sans autre forme de procès :

« Tiens, il a une texture bizarre, voyons la date ! Oh ! M…, dépassée depuis plus de cinq ans ».

Ces paquets de lasagnes fraîches, prêtes à être cuisinées, il les a achetés il y a plus d’un an et demi mais leur aspect visuel est normal et au nez il n’y a rien de particulier. Anosmie ? Non, il sait si le vin est bouchonné, éventé ou madérisé. Et pourtant, il va tenter l’expérience et les cuire avec un bouillon cube puis les manger ainsi. Ah! Non, il reste un fond de sauce en pot qu’il a utilisée il y a deux semaines et un paquet de fromage râpé ouvert qui sent un peu le rance, il jette tout dans l’eau de cuisson et le mange malgré une petite voix qui dit… « Attention ! »

Un fond de saucisson collant qui traîne dans le frigidaire depuis des mois emballé dans un sachet plastique humide, ouvert, il le lave sous le robinet et le dévore en se demandant si cela est bien prudent.

Ignore-t-il les dangers encourus, salmonellose et autres intoxications potentielles ? Non, il sait tout ça.

Un suicidaire à petit feu ? Pas plus que la moyenne de la population quand elle entend les journalistes parler de l’actualité.

Cette fois il consulte parce qu’il a été malade, pas bien du tout.

Et, en fouillant le passé familial, il me rapporte que son père a été emprisonné par les vichystes pétainistes collaborationnistes dans un camp ”de travail” en Afrique du Nord de 1939 à 1943. Ces camps n’étaient rien moins que des camps de concentration tout à fait comparables à ceux créés par les nazis mais cette fois en plein désert du Sahara. Il en veut pour preuve que plusieurs geôliers ont été condamnés à mort et guillotinés à la fin de la 2e guerre mondiale pour crimes contre l’humanité perpétrés dans ces camps.

« Je ne vois pas bien le rapport » me dit-il ! « À moins… à moins que la solution de survie enregistrée par le cerveau de mon père, à ce moment-là, ne soit qu’il y a plus de chances de vivre si « je mange la pourriture qu’on nous donne et si je bois cette eau putride susceptible de me transmettre, par exemple, la fièvre typhoïde ou une amibiase aux conséquences mortelles par déshydratation, que si j’arrête de manger et de boire alors qu’ils nous tuent au travail dans des conditions atroces ».

« Ce serait ce que Marc Fréchet a appelé du projet et du sens et que Descartes aborde déjà dans son Traité des Passions »?

« Et c’est moi qui exprime plutôt que mes frères et sœurs parce que je suis n°2 dans ma fratrie comme mon père dans la sienne », si je reprends Anne Ancelin Schutzenberger ?

L’aggravation de mes comportements alimentaires serait elle aussi due à la relecture mathématique de 4 fois vingt ans, comme vous me l’avez expliqué »?

2019 moins 80 ans égale 1939 : l’envahisseur venait de l’est et les conséquences ont touché le monde entier, les ausweis, les couvre-feux, les files devant les magasins, les réunions interdites, les étalages vides, les aliments rationnés, les appels à la délation, les contrôles aux frontières, la gestapo sur les quais à la descente des trains internationaux, la presse muselée, la peur, l’inquiétude, l’insécurité, la peur de la guerre, la crainte que celle-ci ne s’étende au monde entier, comme nous le serine, de manière récurrente, la presse.

En fait, nous ne sommes qu’en 2024, bientôt la libération ?

Mais revenons à nos moutons…

Nous avons bien évoqué des tentatives d’auto intoxication alimentaire, intellectuellement mises en évidence à l’âge adulte mais téléguidées par une pulsion irrépressible.

On voit ici qu’il n’y a pas de pulsion de mort contrairement à ce que pensait Freud mais, qu’à un moment, la seule solution de survie ou plutôt la meilleure solution de survie à l’instant précis est de flirter avec la mort. Et à partir de là, s’enclenche le ”jeu vidéo ” de la vie qui n’est qu’une suite d’instants de survie où il appartient à notre cerveau ordinateur, automatique disait Claude Sabbah, de trouver la solution et de gagner des armes et des points de vie… ou d’en perdre si l’on ne trouve pas la solution adaptative si précieuse pour notre survie. 39-45 et 19-25 mettent en évidence un cycle biologique cellulaire mémorisé ou CBCM qui permet de comprendre pourquoi le calcul des dates anniversaires peut être si important.

Les 8 et 9 juin 2024 Alain Lechat et Roberto Fradera développeront en détail l’impact du temporel sur tous les événements de notre vie.

Roberto Fradera, 26 mai 2024

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