Les 18 bouteilles de champagne
(Extrait de « Sers, pantin ! » – Roberto M. Fradera – Editeur Librinova)
Mon propos est, ici, de montrer qu’il est primordial de répondre à l’attente parentale, dès la conception, pendant la grossesse, tout autant qu’à la naissance et pendant la période post-partum qui correspond encore à celle du projet et du sens. Cette nécessité vitale, pourra se prolonger pendant les premières années de la petite enfance et, dans certains cas, davantage.
Un autre de mes objectifs sera de mettre en évidence les facteurs multiples qui font qu’un enfant répond ou non à l’attente et ce que cela signifie.
En troisième lieu, à travers de nombreux exemples, d’observer les conséquences d’une non-réponse à l’attente.
1ère bouteille de champagne
Une dame présente un retard de règles ou un test de grossesse positif.
Elle consulte :
A/ « Félicitations madame, vous êtes enceinte » ou
B/ « Eh bien madame, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, vous êtes enceinte »
A/ « Youpi ! Champagne »
Comportement le plus naturel qui soit, en termes de biologie, puisque la survie d’une espèce passe par la reproduction de ses individus.
L’embryon enregistre donc que tout est normal à la conception, en tout cas pour ce qui concerne son acceptation par la mère.
B/ « Mais je n’en veux pas ! Ce n’est pas vrai ! C’est trop tôt ! Trop tard ! Trop jeune ! Trop vieille ! Je le savais, je n’aurais jamais dû le laisser faire ! Mes parents ? Mes études ! Ou simplement, un sinistre « Ah !».
Quelle que soit la réponse de la personne, il ne nous appartient pas de juger car elle est la réalité pour cette dame.
Le faire nous priverait de l’accès à un mécanisme vital qui se met en place dès cet instant. Il conditionnera toute sa vie durant les comportements de sa progéniture avec elle.
Sachant que cette grossesse peut entraîner des drames épouvantables : tentatives de suicide, suicides réussis, tentatives d’avortement ratées, entraînant la mort de la mère ou provoquant sa stérilité ou bien IVG réussies dont le deuil ne se fera jamais, l’instant est capital !
Morale, éducation, religion, manque de psychologie et contraintes sociologiques n’ont rien à voir avec les comportements biologiques de survie.
Au moins 97% de nos fonctionnements physiologiques et comportementaux se passent en dehors et en dépit de notre contrôle conscient.
A l’instant où la mère reçoit la nouvelle, le cerveau automatique de l’embryon agit comme un processeur informatique pour trouver et activer les solutions biologiques d’adaptation au stress parental. Le cerveau préserve ainsi son homéostasie[i] (le fonctionnement harmonieux de tous les paramètres du corps) et assure la survie de l’humain dont il est le gardien sans la moindre intervention de l’intellect, ni de la volonté de l’individu.
Le code-barres du rejeton (c’est bien le cas de le dire) est inadapté, le scanner maternel ne le reconnaîtra pas et ne l’acceptera pas, voire le repoussera à sa naissance.
Le cerveau du petit envisagera à chaque instant toutes les stratégies possibles, y compris les plus dramatiques, afin de répondre, autant que faire se pourra, à l’attente inconsciente de la mère.
Il est indispensable de comprendre que, quel que soit le degré d’acceptation maternel ultérieur, s’il n’est pas accompagné d’une prise de conscience en conscience[ii] du ressenti maternel à l’instant T et d’un deuil de l’évènement traumatisant, le cerveau automatique du fœtus ne modifiera en rien les alarmes mises en place pour permettre la survie du petit et celle de l’enfant qu’il deviendra.
Dans ces cas de « Non réponse à l’attente » (NRA), la « lionne » éloigne le petit de son aire et la brebis écarte le petit de son pis.
La 2ème bouteille de champagne …
[i] Homéostasie : maintien à un niveau constant, par les organismes vivants, des caractéristiques internes (température, concentration des substances etc.)
[ii] Prise de conscience en conscience : signifie être conscient, à l’instant où se produit cette prise de conscience, de l’état dans lequel nous nous trouvons lorsque nous sommes confrontés à ce souvenir, conséquence du résultat de notre recherche, d’un évènement péniblement ressenti et enfoui dans les arcanes de notre cerveau automatique.