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Qu’est-ce que ça veut dire : « Faire son deuil » ?

On entend souvent des amis, collègues ou voisins nous dire : « il est temps de faire ton deuil », « il faut qu’il fasse son deuil », « elle n’a pas encore fait son deuil ». Mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Et est-ce vraiment si facile à faire ?

Le Larousse définit le deuil comme un processus psychique mis en œuvre par le sujet à la perte d’un objet d’amour externe. On parle, en général, de deuil suite au décès de quelqu’un mais, en réalité, nous passons notre vie à faire des deuils.

Autant la notion est connue quand on parle d’un décès, d’une rupture, d’une séparation, autant elle est moins évidente quand on parle d’objets ou de situations. Eh oui ! On fait aussi des deuils pour des choses et des situations. On fait même des deuils pour des choses qu’on n’a jamais eues ou des histoires qu’on n’a jamais vécues, comme le couple qui avait prévu d’acheter la maison du coin de la rue et qui n’a pas pu car un autre acheteur a fait une offre plus rapide.

Voici un exemple un peu plus détaillé : Cette jeune fille a reçu de très belles boucles d’oreille de ses grands-parents quand elle a fêté ses 12 ans. Ces boucles d’oreilles sont rapidement devenues ses préférées et elle les a portées couramment lors de fêtes ou événements importants. Un jour, alors qu’elle rentre d’une soirée, elle se rend compte qu’il ne lui en reste qu’une. « Elle est fortement déçue ! » Cette dernière phrase est un gros euphémisme. En réalité, elle est très triste et très en colère contre elle-même (deux symptômes typiques d’un deuil en cours) de ne pas avoir pu éviter cela. A plusieurs reprises dans le futur, elle repensera à ses boucles d’oreille, notamment lors de fêtes. Petit à petit, elle y pensera de moins en moins jusqu’à passer à autre chose. Dans ce cas, elle aura fait le deuil. Elle pourrait également ne jamais passer à autre chose et y penser encore 60 ans plus tard en se disant que si elle ne les avait pas perdues, elle les aurait données à sa petite fille. Dans ce cas, son deuil ne sera jamais fait.

Comme il s’agit de boucles d’oreille, personne ne relèvera jamais le deuil non fait et ce dernier n’aura probablement pas beaucoup d’impact sur la vie de cette jeune fille. Un deuil non fait lié à un stress plus important aura plus d’impact sur la personne et son comportement, bien que la plupart du temps les personnes ne se rendent pas compte qu’un de leurs deuils n’est pas fait.

A la question « Est-ce facile à faire ? », nous répondrons donc oui et non.

Oui car ce processus psychique de deuil se fait, la plupart du temps, en dehors de notre conscience. De la même manière que la plus grande partie des blessures physiques guérissent d’elles-mêmes au bout d’un temps, la plus grande partie des « blessures » psychiques le font également. Dans ce cas, le deuil n’est pas difficile à faire, notre cerveau automatique s’occupe de la réparation en parallèle de tout ce qu’il gère au quotidien.

Non car il est possible de rester « coincé » dans un deuil. De nouveau, de la même manière que certaines blessures physiques nécessitent une action consciente (désinfection d’une plaie, plâtre immobilisant un membre fracturé, intervention chirurgicale permettant la réparation d’une blessure importante,…), certaines blessures psychiques demandent une intervention consciente. Dans ces situations, le deuil peut être très difficile à faire, voire ne se fait jamais. Les personnes peuvent rester bloquées dans une tristesse, une colère ou une incompréhension qu’il sera alors important de comprendre afin d’aider le sujet à s’en sortir. Ces blocages ont évidemment un sens et se mettent en place pour certaines situations chez certaines personnes car cela a du sens dans leur histoire ou l’histoire généalogique.

Aller plus loin ici demanderait l’écriture d’un livre plutôt que d’un article. Toutes ces notions seront étudiées en profondeur lors de notre prochaine formation spécifique sur les deuils qui aura lieu au mois de juin 2017.

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